La Chine s’est fixée pour but de devenir une “civilisation écologique”, mais les questions d’environnement dépendent de très nombreuses administrations, ce qui complique considérablement leur traitement. Les autorités ont donc décidé de revoir cette organisation.
De nombreuses mesures de remaniement ont été décidées lors de la session parlementaire qui vient de se terminer en Chine. Parmi elles, celle qui concerne la réorganisation des ministères ayant trait à l’environnement est généralement vue de manière assez positive, car elle devrait remédier à un fort éclatement des compétences. Une quinzaine d’administrations vont ainsi voir leurs attributions réparties en deux grands ministères.
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“Neuf dragons règnent sur les eaux”, a-t-on longtemps dit en référence au caractère fragmenté des organismes chargés de veiller à la bonne gestion des ressources aquatiques chinoises. “Jusqu’à présent, les nappes phréatiques, les usages agricoles de l’eau et la gestion des bassins tombaient sous des juridictions différentes, ce qui conduisait à des manœuvres de diversion et à des luttes internes”, affirme Ma Jun, directeur de l’Institut pour les affaires publiques et l’environnement, interrogé par le site spécialisé sur l’environnement Chinadialogue. “Pour obtenir un feu vert dans une procédure touchant aux parcs nationaux, il fallait obtenir les tampons de jusqu’à 13 administrations”, corrobore Tang Fanglin, fonctionnaire à l’Office des Forêts.
Dans la nouvelle organisation, le ministère de l’Environnement écologique (MEE) prendra en charge tout ce qui relève de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pollution, tandis que le ministère des Ressources naturelles (MRN) s’occupera de l’allocation des ressources.
Une réorganisation pas totale
“Le MRN sera chargé d’agir en tant que ‘propriétaire’ de la plupart des ressources du pays. Pour cela, il devra inventorier et évaluer l’état et la distribution des forêts, des zones humides ou des terres agricoles, et leur attribuer une valeur”, précise le site. Ce ministère sera aussi le seul “planificateur d’espace”, ce qui devrait éliminer les conflits de compétence sur l’usage des ressources naturelles.
Cette réorganisation n’est donc pas totale, elle ne fusionne pas les fonctions de gestionnaire des ressources et de contrôleur de la pollution, comme cela avait été recommandé par l’Académie des sciences de Chine, note le site. Cela impliquera la persistance d’un travail de collaboration entre administrations, par exemple sur la régulation des émissions polluantes.
On ignore également comment les relations s’établiront entre les ministères et les autorités locales, alors que c’est un point de friction ou de blocage récurrent, en particulier pour la mise en œuvre des politiques environnementales.
Courrier international – Paris Publié le 26/03/2018 –